Faire face à une question déstabilisante
Ecrit par Christian Chanoine
Publié le 13 June 2017
Nous avons récemment partagé quelques bonnes pratiques pour faire de vos interventions en public des réussites et notamment :
- Comment faire de votre trac un allié ?
- Par quel procédé donner du relief à votre discours ?
- Pourquoi exploiter les silences en scène ?
J’aimerais aujourd’hui vous aider à vous préparer à une situation difficile. Le moment souvent redouté où, après avoir fait une belle présentation, vous faites face à la question qui « tue » !…
Voyons tout d’abord ce qui confère à une question son caractère destabilisant :
- Sa complexité qui requiert de votre part une franche expertise ?
- La fonction de la personne qui la pose car c’est un grand « chef à plumes » ?
- Le côté politique de la question qui doit vous amener à faire attention à ce que vous dites ?
- Le fait que vous n’aviez pas du tout anticipé une telle question ?
En bref, vous constatez que le caractère destabilisant d’une question peut avoir de nombreuses origines…
Pour savoir comment garder sa stabilité face à ce type de question, je vous propose d’adopter 3 principes simples et plutôt salutaires.
Apprendre à désapprendre
Pour découvrir le premier, je vous invite à réfléchir quelques instants à ce que nous avons tendance à faire lorsque l’on nous pose une question… Si nous sommes honnêtes, nous allons vouloir y répondre rapidement voire même du tac au tac. Pourquoi cela ? Parce que nous voulons montrer que nous savons et ainsi incarner l’expertise qui nous est reconnue !
Rappelons nous cette période de notre vie où enfant nous étions en classe primaire. Qui était le champion de la classe quand la maîtresse d’école posait une question ? Celui qui levait le doigt le premier ! Tout nous pousse à répondre très rapidement et quelque part nous portons la croyance que si nous ne répondons pas tout de suite nous risquons de passer pour… (je vous laisse le soin de deviner la suite)
L’autre raison qui nous pousse à nous jeter dans une réponse immédiate est la peur du vide… Ces secondes de silence alors que l’auditoire attend une réponse de notre part ne sont-elles pas interminables ?
La bonne nouvelle c’est qu’il va nous falloir apprendre à désapprendre. Autrement dit oser prendre un silence initial de réflexion.
Qu’est-ce qu’un silence initial de réflexion ? Techniquement c’est le laps de temps qui s’écoule entre la dernière syllabe du dernier mot de la question posée et la première syllabe du premier mot de votre réponse. Il s’agit d’un silence « habité » où vous osez réfléchir à la question pour trouver un premier élément de réponse. Lorsqu’en situation de formation ou de coaching j’évalue le temps de ce silence initial de réflexion, il est en moyenne de 2 secondes. Est-ce que cela vous paraît suffisant face à une question difficile ?
Voilà le premier principe : Oser prendre un silence initial de réflexion. Vous verrez qu’au fil du temps, personne ne sera gêné par les 10 secondes qui vous permettront de réfléchir à ce que vous allez dire.
Oser freiner votre débit de parole
Le deuxième principe réside dans notre capacité à rythmer notre débit de parole. Quand on n’est pas trop sûr de ce que l’on raconte en réponse à une question destabilisante, il est important de ralentir son débit de parole ; or j’observe que beaucoup de personnes parlent bien trop vite, comme si elles souhaitaient se « débarrasser » au plus vite de la question. Un débit de parole équilibré tourne aux alentours de 130 mots par minute. Osez vous freiner pour mieux contrôler le fond de ce que vous dites ! Les personnes dont on dit qu’elles ont une voix posée tournent aux environs de 90 mots par minute.
Oser instaurer une pause verbale
Enfin lorsque nous serons arrivés au bout d’une première idée, apportant ainsi un premier élément de réponse à l’auditoire, que pourrions-nous faire avant d’apporter un autre élément de réponse… ? Vous l’aurez compris, une pause verbale. Autrement dit un véritable temps de respiration qui nous donne l’occasion de préparer la suite de notre propos. Un temps de respiration volontaire, ne serait-ce que de quelques secondes pour trouver la justesse dans le choix des mots qui vont nous servir à étayer notre réponse. J’ai observé que bon nombre d’orateurs, avec toujours cette même peur des silences, répondent aux questions en apnée ; sans aucune respiration.
En conclusion, face à une question destabilisante, nous pouvons retenir 3 principes :
- Prendre le temps de la réflexion initiale plutôt que de répondre du tac au tac
- Parler lentement plutôt que trop rapidement
- Faire des pauses verbales entre les éléments de réponse apportés pour réfléchir à ce que l’on va dire plutôt que débiter d’un trait sa réponse
Vous l’aurez compris, ceux qu’on écoute le plus ne sont pas ceux qui parlent le plus ; ceux qu’on écoute le plus sont ceux qui parlent de façon juste. Et pour parler juste, il faut savoir réfléchir à ce que l’on va dire. Et pour réfléchir à ce que l’on va dire il faut savoir se taire…
En conclusion, parler n’est pas meubler !
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